Atelier d'enquête praxéologique
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La COPA de Besançon

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Message par CamilleV Jeu 24 Mai - 10:52

La COPA de Besançon


Interview avec Madame Bonnet, coordinatrice COPA, de formation AS

Historique de la structure

Nous sur Besançon on était partis un peu sur votre démarche initiale, à savoir rechercher les besoins sur le terrains, rechercher à identifier le nombre de situations concernées, pour savoir effectivement s'il y avait une nécessité de travailler sur un projet. Et puis bon contrairement à vous, nous on était des professionnels à avoir la volonté de travailler sur cette question de parentalité, mais des professionnels déjà rattachés à des services et la démarche était inscrite là pour le coup dans chacune de nos institutions. A savoir historiquement des professionnels de SAVS, où on était pleinement concernés en disant « jusqu'où on va ? » puisque les agréments des SAVS c'est des accompagnements d'adulte, qu'est-ce qu'on fait quand ils sont parents, est-ce que c'est à nous de prendre en compte les situations de parentalité ou pas.  En se disant, bon bah voilà, nous on aurait besoin en termes de professionnels SAVS, c'est d'avoir une formation, parce que ça s'invente pas de recueillir un désir de maternité, un désir d'enfant. Et puis voilà dans le secteur adulte, ça se posait beaucoup de questions, les gens avaient vraiment envie de changer leurs façons de faire, d'accueillir des situations de couple en désir d'enfant. Et puis nous on travaille évidemment très en lien avec le secteur enfance, qui est aussi dans la même association que nous de l'ADAPEI. Donc eux ils pouvaient faire le constat que au sein de leurs IME il y avait quand même pas mal d'enfants qui étaient orientés par la MDPH. Et lors des entretiens d'admission ils pouvaient se rendre compte que l'un ou les deux parents de ces jeunes avaient une reconnaissance, quelle qu'elle soit de la DPH, en lien avec le travail ou SAVS ou autre. Donc ça les questionnait aussi en disant mais qu'est-ce qu'on pourrait mettre en place en termes de prévention précoce pour éviter que les enfants arrivent dans les établissements avec pas mal de difficultés. Et puis ce constat là il a été complètement partagé par les professionnels du CAMSP. Alors voilà, nous on travaille très très bien avec le CAMSP. Et puis eux c'est pareil, en amont des équipes d'IME/IMPro, tout ça c'est pareil au niveau du CAMSP, ils disaient ben nous on accueille de plus en plus d'enfants  avec des retards de langage, des retards de développement psychomoteur, etc., et ils disaient on fait le constat lors des entretiens d'admission que les parents avaient un passé institutionnel, sans plus forcément avoir remis à jour leur notif' MDPH, mais en tout cas voilà ils avaient des parents qui avaient été dans le champ de la déficience, et le CMSP disant qu'il faut qu'on se préoccupe de ces bébés qui naissent avec une certaine vulnérabilté du fait de la déficience de leurs parents, disant il faut absolument pas banaliser, l'idée n'étant pas de dire bah voilà ce sont des bébés vulnérables il faut absolument pas que ces adultes aient des enfants, mais de se dire bah voilà quand il y a des situations de grossesse il est nécessaire qu'il y ait un accompagnement, qu'il y ait un étayage, qu'il y ait une prise de conscience que ces bébés et ces parents ont besoin d'un accompagnement  spécifique. C'est quand même une parentalité spécifique et n'attendons pas quant il y a le bilan de la PMI en grande section s'aperçoive qu'il y a déjà des enfants avec un retard de langage ou d'apprentissage cognitif, en disant il y a des cartes à jouer très très en amont. Vraiment ce qui est intéressant c'est, on s'est dit, on fait vraiment travailler CMSP, SESSAD et SAVS ensemble sur cette question-là.
Avant qu'on constitue notre groupe et qu'on s'en préoccupe, vraiment pour faire court, les parents déficients intellectuels avaient un enfant, au SAVS on disait ben nous on accompagne les parents, on est pas dans la prise en charge de l'enfant, dans un SVAS on est de formation initiale éducateur spécialisé, assistante de service social, CESF, donc pas forcément avec à l'époque de repères pouvant nous dire lors de notre dernière VAD on s'est aperçu que notre petit de 18 mois il tenait pas encore assis, eh ben voilà les gens se sentaient pas forcément responsables et puis n'avaient pas les compétences non plus pour se dire « 18 mois/Pas assis », est-ce que c'est grave, ou on avait pas forcément d'outils pour repérer le développement du jeune enfant. Les services de PMI n'étaient pas forcément positionnés, et puis il faut savoir que les services de protection maternelle et infantile tout au départ ne voyaient pas forcément d'urgence à aller dans ces familles, n'avaient pas d'éléments d'inquiétude, contrairement au type de publics qu'elles avaient l'habitude de côtoyer au sein de CMS où il y avait des parents en lien avec des problèmes de maltraitance, des choses comme ça, des familles en grande difficulté sociale et repérées assez rapidement... les parents déficiens intellectuels sont des parents qui ne font pas de bruit, qui ne font pas de euh... vous voyez ce que je veux dire... et les enfants passaient complètement inaperçus et la PMI n'était pas forcément  positionnée avant que les enfants soient en difficulté à l'école, à l'âge de 6 ans par exemple. Je veux dire pour la PMI c'était pas forcément un réflexe de dire cet enfant arrive dans une famille né de parents de déficients intellectuels. En plus il y avait des critères, qui étaient ben voilà une grossesse arrive chez une mineure, quand il y avait des grossesses gémellaires, ou quand il y avait une grossesse dans une famille dont les aînés étaient placés. Donc jusqu'à ce que nous on intègre l'item « déficience intellectuelle », c'était pas une priorité pour les services de PMI. Les gens du SAVS disaient, ben non, nous on s'occupe des adultes, et donc l'enfant c'est pas à nous, est-ce que ou qui... est-ce que c'est pas le curateur qui allait... ? Et voilà, jusqu'à ce qu'on ait une formation, qu'on se dise tos, ben non non, dans ces situations-là et qu'il y a une situation de grossesse avec des risques importants... ben voilà au jour d'aujourd'hui quand il y a une situation de connue dans un SAVS, dès les premiers mois de grossesse on a une organisation pour qu'une sage femme de PMI puisse être positionnée, une infirmière de PMI, une travailleuse familiale, et tout ça en anténatal, ce qui permet un accompagnement, une évaluation et une prise en charge qui n'est plus du tout tardive de ces enfants nés de parents déficient intellectuel. Mais il a fallu d'abord que nous sur le terrain on se dise, c'est des bébés plus vulnérables qui nécessitent, mais voilà c'est vrai que la PMI est assez logiquement, par rapport à d'autres familles, avec un bébé arrivé dans un famille toxicomane, de dépendance alcoolique, voilà ça les inquiétait beaucoup moins et aujourd'hui c'est encore des situations sur lesquelles il faut sans cesse convaincre aussi les parents d'accepter le travail de PMI. Et puis c'est à force d'avoir travaillé sur des situations en lien avec la PMI, le CAMSP. Maintenant on essaie que pour chaque naissance, le CMSP siot positionné par rapport à l'échelle de Brazelton, qui est un outil pour mieux comprendre le bébé, dans le cadre de méthodes d'observation du comportement du nouveau-né, ça on essaie vraiement de le rendre systématique à la maternité pour que les parents soient accompagnés dans la découverte de leur bébé. On s'est dotés au fur et à mesure d'outils, on a créé une frise de développement pour que les professionnels puissent à un moment donné échanger avec les parents. Et puis au jour d'aujourd'hui on voit bien encore que les professionnels les plus aiguisés pour se rendre compte d'éventuels troubles du développement de façon très très précoce, c'est les professionnels du CAMSP qui ont un œil encore plus aiguisé qu'une infirmière de PMI.
Quand on avait fait le tour de France pour savoir effectivement ce qu'il se passait ailleurs, en 2000, quand on était allés dans les services d'aide à la parentalité dans les départements du Nord, au sein de l'association les Papillons Blancs, à Lille, Dunkerque, c'est vrai que eux disaient, nous on est presque déjà à la deuxième génération, enfin les enfants nés de parents déficients intellectuels deviennent déjà parents dans nos départements, et eux avaient déjà repéré beaucoup de situations. Un de leurs axes de travail était d'éviter le placement judiciaire des enfants en travaillant de l'internat scolaire dès le collège. Et ils étaient sur éviter le placement judiciaire des enfants de PADI. Nous quand on est revenus, on s'est dit que c'est un axe de travail qui a été choisi comme ça parce qu'il y avait déjà beaucoup de situations, avec les moyens qui étaient alloués dans ce département. Nous, vu qu'on travaillait avec le CAMSP, et après on a associé très rapidement les services de PMI, on s'est dit non, on aimerait vraiment travailler sur la prévention précoce, terme que vous allez suvent entendre dans ma bouche. On s'est dit qu'est-ce qu'on peut mettre en place. Au départ on était vraiment sur du 0-6 ans, on était vraiment sur la prévention précoce 0-6 ans, au jour d'aujourd'hui, 12 ans après, on est plus du tout là-dedans, on est sur la prévention précoce en anténatal. On est sur l'accompagnement du désir de maternité, du désir de paternité, sur des accompagnements de parents sur des recherches génétiques avant-même de concevoir un enfant, afin de se dire moi, voilà, qu'est-ce qui fait que moi je sois dans le champ de la déficience, que mon copain travaille en ESAT, et quels risques on prend de devenir parents, donc il faudrait vraiment qu'on sache dans notre code génétique ce qui est transmissible ou pas. Les situations qu'on travaille sont vraiment sur des désirs de maternité/paternité des gens qui nous disent ben voilà, je suis référent d'une jeune de 20 ans qui vient de sortir d'IMPro, qui va vouloir envie d'enlever son implant, qui va avoir envie d'envoyer balader tous les éducs parce qu'elle en a ras le bol et qu'elle nous fait un peu sa crise d'adolescence et qu'elle parle déjà un peu de bébé, et qu'est-ce que je dis aujourd'hui à cette jeune femme de 20 ans qui me dit qu'elle veut un bébé.

Un lieu ressource pour les professionnels

Nous, ce qui nous différencie beaucoup des SASP c'est que ce sont des structures entièrement dédiées à un service, ils sont dans la prise en charge. Alors que nous la coordination parentalité, en aucun cas n'est un service. Notre existence s'appuie sur un convention partenariale tripartite, c'est-à-dire qu'on a un financement du département, on a monté un dossier, en disant bon voilà on est inquiets, il y a de plus en plus de situations de parentalité, il y a besoin d'un accompagnement spécifique. Et le choix du département, ça n'a pas été de nous donner de l'argent pour créer un service, mais que sera plus sous forme de coordination. Moi je suis la seule salariée COPA à mi-temps, mais tous les autres professionnels sont rattachés à des services. Au jour d'aujourd'hui la COPA elle se réunit de façon très ponctuelle, on sé réunit les lundi pour les études de situation, à d'autres dates pour créer des outils. Mais sinon par exemple la psychomotricienne qui vient sur notre groupe COPA elle est salariée de son SESSAD, elle est mise à disposition quelques heures par mois pour la COPA, mais sinon c'est quelqu'un qui est dans sa prise en charge SESSAD. La psychologue du département est une psychologue classique de PMI qui 3 ou 4 heures par mois est détachée pour la COPA. Moi le poste de coordinatrice occupe mon temps à 50% et mon autre temps de travail je suis une assistante de service social sur un SAVS. Donc on est tous encore ancrés dans le terrain, dans l'accompagnement, ce qui est très important parce qu'on est pas du tout déconnectés de la réalité. Quand ma collègue de l'ASE me dit qu'il y a cette situation qui est compliquée avec cette maman qui est déficiente, ça nous permet quand on est tous sur des temps de tous se dire, est-ce qu'il faut qu'on crée des outils, est-ce que là il faut améliorer notre partenariat, etc. On est pas du tout nous dans la prise en charge. Souvent on aime bien donner l'image un peu d'analyse de la pratique. On est douze professionnels à se dire on fait de l'analyse de la pratique. Et par exemple lundi on a une curatrice qui est venue nous voir en disant, moi je suis un petit peu inquiète, j'ai une dame qui me dit qu'elle veut aller vivre avec son copain et qu'ils veulent un bébé, et elle dit voilà elle est déficiente intellectuelle et le futur papa aussi, et qui pourrait travailler avec sur le désir d'enfant, et si ça arrive qu'est-ce qu'il faut mettre en place, à quoi faut-il penser . Et on a appris que la dame prenait un traitement médicamenteux, et comme dans notre équipe y'a une sage femme forcément  elle a interpellé en disant quel médicament prend cette dame à ce jour, la première démarche c'est de revoir son neurologue pour qu'elle change son traitement, pour voir si le traitement serait compatible ou pas avec une grossesse. Et après on donne au professionnel de terrain, qui reste responsable de sa situation, un petit peu des outils, des guides, des pistes. En tout cas quand on fait nos études de situation, j'aime bien l'image de dire on fait de l'analyse de la pratique, on le fait à douze têtes et chacun disant attention il faut être vigilent à l'intérêt de l'enfant, à l'intérêt des parents, attention le rythme de l'enfant n'est pas le même que le rythme des parents, et quand on propose un étayage est-ce que ça ça va être compris par les parents, est-ce que ça va pas aller trop vite. Et il faut savoir que dans le département quand il y a des professionnels qui ont une inquiétude, et qu'on fait par exemple une note d'information préoccupante sur une situation, il y a aussi des instances du département où il y a le psychologue, le médecin, la responsable enfance qui réfléchissent, mais la porte d'entrée est l'enfant et uniquement l'enfant, et le champ de la déficience n'est pas forcément inscrite dans la tête de tous, ou en tout cas ils n'ont pas forcément la même connaissance que nous. Et nous ce qui est chouette c'est qu'on a à la fois des gens qui sont très compétents dans le handicap, ils sont salariés de l'ADAPEI, on a à la fois des professionnels qui sont très compétents, et c'est indispensable, sur le développement de l'enfant, que ça soit le CAMSP ou l'infirmière de PMI ; et puis on a des collègues qui sont sur la prise en compte des enfants quand il y a des situations de placement. Vraiment c'est notre richesse pluri-institutionnelle et pluri-disciplinaire.
Alors y'a des choses positives et y'a des choses où on se dit « Ohlala, mais mince il y aurait un service, ça serait plus simple », vous voyez un centre maternel ou un centre parental, y'a des choses qui sont intéressantes, et dans tout le département on fonctionne pas de la même façon. Voilà, y'a des choses positives, nous des fois là on se dit on est peut-être moins bons, y'aurait des choses à améliorer. Moi j'avais rencontré un centre parental et j'avais trouvé que leur expérience était fort intéressante aussi.    

Les études de situation

Au niveau quantitatif c'est très très minime. Et puis au départ notre première action était autour des études de situation, on s'était dit voilà on s'est tous formés, on pourrait se dire experts sur cette situation de parentalité, et on avait envie de faire profiter tous les professionnels de terrain de notre expertise, de notre expérience, de notre savoir-faire. Donc à l'époque on se réunissait deux fois dans le mois pour faire des études de situation, ce qui était le postulat de départ. Et là on parle de la coordination parentalité. Mais il y a une instance au-dessus de nous qui s'appelle le CoPil, où on retrouve un directeur du secteur adulte, un directeur du secteur endfant, le directeur du CAMSP, un médecin départemental de PMI et puis la directrice du Pôle Enfant Confiés (ASE). Et tous ces responsables-là nous ont donné comme ligne de conduite, moins d'études de situations, mais plus de création d'outils, la mise en place de journées d'étude, et voilà. Depuis quelques temps on ne se réunit plus 2 fois par mois pour faire des études de situation, mais juste une fois par mois. Sachant qu'en juillet-août y' pas d'étude de situation, donc ça fait qu'on tourne à une dizaine d'études de situations. Parce que les moyens qui nous sont alloués, c'est un mi-temps de coordinatrice, et puis les autres professionnels sont mis à disposition, donc elles viennent deux heure chaque mois pour les études de situation. Et puis après on a fait des commissions, comme quand on a créé notre outil sur l'alimentation, ben tout le monde n'a pas participé à créer notre livret alimentation. Donc là il y a le livret en cours sur le sommeil, sur le carnet de santé facile à lire et à comprendre, etc. Donc les professionnels sont mis à disposition, mais ne sont pas tellement non plus allégés de leur accompagnement, donc on se voit pas non plus 15 heures par mois.
Cette rythmicité de une fois par mois pour les études de situation pour le moment convient, j'ai pas eu à refuser, j'ai pas de liste d'attente très importante. Quand il y a vraiment des situations de parentalité ou de désir chez des gens, ou que le désir est pressent, ou des problématiques chez des très très jeunes enfants, exceptionnellement dans le mois on peut faire deux études de situation. Mais sinon non, car la COPA au jour d'aujourd'hui a quand même diffusé très largement dans tout le département la nécessité de faire de la prévention précoce, de mettre en place dès la conception ou le désir de grossesse une infirmière de PMI ou une travailleuse familiale. Donc les gens ont maintenant le réflexe de mettre en place des étayages. Beaucoup de professionnels ont aussi été formés, sur comment accueillir un désir de grossesse et c'est quoi cette parentalité spécifique. Donc c'est en complément nos études de situation. Mais au jour d'aujourd'hui les gens savent bien quel étayage mettre en place et commandent nos outils pour être aidés. Et on a vraiment beaucoup avancé. Et puis comme on est 12 professionnels à travailler dans plein de services différents, chacun est personne ressource. Au SESSAD ils ont leur collègue psychomotricienne qui est à la COPA, donc ils peuvent lui demander des conseils, elle-même dans sa structure  elle a mis des outils, des plans de vigilance sur les situations. Donc en fait ça fait un peu tache d'huile. Par rapport à il y a 10 ans, les collègues du SAVS ont tous été formés sur le désir d'enfant, les situations de parentalité, quand il y a un bébé comment on appelle la PMI, c'est quoi une travailleuse familiale, comment on signe un contrat, et quand il y a une situation de grossesse, ils demandent déjà une réunion de synthèse, ils savent vers qui orienter au niveau de la maternité. Et tous ces points de vigilance ils les mettent en place eux-même.

L'information aux familles

Dans les études de situation, si le professionnel de terrain est très en confiance avec la famille, et sait par exemple que venir présenter la situation à la COPA ne va pas mettre en danger leur accompagnement, à ce moment ils les informe et on peut travailler sur une situation nominative. Sinon on peut complètement travailler sur une situation anonyme, et de toute façon tout ce qui est écrit, compte-rendu est complètement anonymé puisque ça touche quand même plein plein de services. Nous à vrai dire qu'on parle de la famille Duschmoll qui veut un bébé, ça n'a pas tellement d'importance. Nous ce qu'on fait c'est que Mme Aubriat, éducatrice spécialisée au sein d'un foyer, elle, est en situation de difficulté parce qu'il y a une de ses résidentes qui veut un bébé, et que c'est elle Mme Aubriat en tant qu'éduc qui nous demande de l'aide, qui nous demande des outils, et qu'est-ce que je vais dire à cette maman, et vers qui je vais l'orienter. Après nous qu'on sache quoi de la dame n'a aucune importance. On est ressource pour les professionnels, et après les professionnels, libre à eux de mettre en application les conseils qu'on leur a donné ou pas. On a pas de pouvoir de décision. Après on a des situations, on a un code pour anonymer, et autour de la table la sage-femme a dit je vois qui c'est, la travailleuse failiale dit moi j'avais accompagné la belle-soeur, après bon voilà dans un département on arrive à... Mais en tout cas la position d'anonymat est conservée dans les écrits, dans les échanges. Après on arrive à deviner, quand il y a 3 enfants, que l'aîné est placé, des trucs comme ça, on peut très facilement savoir qui c'est. Mais il y a des parents ça les gêne pas.

Les matinées famille

Les « matinées famille », elles ont eu lieu, parce qu'à un moment donné on s'est quand même dit on est tous des professionnels de terrain, donc on propose des aides, des outils en étude de situation, mais voilà il faudrait bien expérimenter une action collective. Et c'est la seule action où on est en contact avec du public, et ça a permis de renforcer les liens entre tous les services. Parce que quand on fait la matinée des familles, et qu'on se retrouve entre les professionnels de l'ASE, les professionnels du SAVS un samedi matin à jouer aux petites voitures ou à faire une pluche de légumes pour partager un repas, ça renforce vraiment aussi les liens entre professionnels, et ça a été d'une grande grande richesse. Au jour d'aujourd'hui la matinée des familles n'existe plus. On est partis sur un autre format, sur ce qu'on a appelé un atelier des parents. Sur un format beaucoup plus court, ça dure deux heures et demie, et ça ressemblerait plus à un lieu d'échange où il y a moins d'interactions parent-enfant. L'accent a été mis moins là-dessus, d'abord pour des questions de temps, de local, de financement. Donc voilà on a un petit peu changé.
On était vraiment sur le faire et le faire avec, sur des habiletés parentales, en disant notre espoir c'est qu'ils vont vivre concrètement le samedi, concrètement en situation. Les enfants étaient là. Et on va pouvoir concrètement répondre à leurs questions. Et on espère que ce qu'ils vont vivre là ils vont pouvoir le transposer un petit peu sur leur domicile. Donc on avait vraiment la volonté que la matinée des familles se déroule dans un local qui était un logement, avec les dangers domestiques, les escaliers, les prises, la tentation de vouloir allumer la TV tout le temps. On a des parents qui à un moment donné sont partis fumer leur cigarette et leur gamin a eu la bonne idée d'aller sous la douche tout habillé. Et voilà avec l'idée de se dire c'est en vivant des situations comme ça qu'on va pouvoir reprendre, dire aux parents vous étiez en train de fumer, et quand c'est chez vuos comment ça se passe quand y'en a un qui va fumer l'autre surveille les enfants, ou est-ce que les enfants à ce moment-là sont dans leur chambre, ou... Le faire-avec/vivre-avec c'était vraiment notre credo. Et on nous avait proposé des super locaux, la crèche, le samedi, mais on a dit clairement ça nous intéresse pas, avec la piscine à balles qui est sécurisée, il y a plein de jeux, et oui les enfants vont être tout gentils, les parents il y aura zéro surveillance, enfin c'est par leur chez eux, c'est pas leur quotidien, c'est pas leur vie,
Et par contre aujourd'hui le format est beaucoup plus court, mais on s'attache... là on a travaillé sur l'alimentation, ou on a été sur des parents, sur des mises en situation, on a fait des jeux du « prima » (?), comment nous en tant qu'adulte quand on nous bande les yeux on accepte de recevoir un aliment dans la bouche, est-ce que voilà..., pour certains les parents avaient très peur, ils se sont sentis obligés de le sentir, de le mettre dans leur main, et en fin de compte pour leur dire maintenant vous comprenez pourquoi un enfant met les mains dans son assiette, joue tout petit avec la nourriture, a besoin de la sentir, de la malaxer entre ses doigts. Et eux en ayant vécu cette expérience, de se dire, ben voilà il faut que je sois moins rigide sur les premiers repas, sur ce que ça fait, et la découverte des nouveaux aliments. Et donc on est vraiment partis sur de l'expérimentation. Et l'alimentation, on va travailler sur quatre séances. Alors que les actions collectives de PMI, il en existe, plein dans leurs quartiers, simplement ce thème-là va être vu rapidement peut-être une fois, moins tranquilement et ils vont moins oser poser de questions. Et donc il y avait pour nous la volonté de faire un groupe fermé et réservé aux personnes déficientes intellectuelles, dans l'idée qu'ils prendront le temps de bien comprendre ce qu'on leur dit. Et après on sait que ça va être relayé, nous pour nos familles, par la travailleuse familiale, par l'infirmière de PMI. On a pas la prétention de dire que notre matinée des familles à elle seule a été suffisante, car on savait qu'il y avait d'utres intervenants à leur domicile pour pouvoir reprendre et expliquer, s'appuyer dessus. Enfin c'était ça le pari.
Ils ont pas été projetés comme ça [en tant que parents] quand ils étaient enfants, ou quand tu seras grand tu..., ce sont des phrases qu'ils n'ont jamais entendues pour la plupart.
On s'est aperçu qu'ils avaient apprécié la matinée des familles, et qu'ensuite certains s'étaient invités entre eux, qu'ils avaient fait des échanges de vêtements... On était contents que cette action collective ait permis ça. Au jour d'aujourd'hui pour limiter cet isolement social, on travaile par exemple avec l'antenne petite enfance qui met en place des LAP (lieux d'accueil enfants-parents) dans chaque quartier. C'est du droit commun, c'est pour toutes les familles avec des enfants de 0 à 6 ans Et là comme je travaille aussi au SAVS j'initie aussi des choses à ce titre-là, c'est quand même facilitateur, pour dire comment les parents du SAVS qui sont en situation d'isolement, comment on peut travailler un partenariat, pour qu'ils aillent sur ces lieux d'accueil parents/enfants. Du cup on a rencontré ces professionnels du LAP, disant est-ce que vous êtes OK pour accueillir ces parents, est-ce que vous êtes formés, est-ce que vous avez besoin qu'on vous dise c'est quoi la déficience intellectuelle, est-ce que si ils viennent vous pourriez avoir un regard attentif, etc. Et on a créé tout un partenariat pour que quand ces parents y vont l'éducateur du SAVS puisse les accompagner s'ils le souhaitent ou pas. On a même proposé que les parents puissent avoir un accueil une demi-heure avant, faire connaissance avec les deux animatrices, enfin on a essayé sur du droit commun d'aménager l'accueil pour qu'il y ait un bon accueil, pour qu'il y ait des facilités à accompagner... Quand on les sent en confiance, éventuellement on leur dit en plus de ce que vous venez chercher ici (à la matinée des familles), peut-être que vous pourriez aller dans votre quartier où sont proposées des choses. Alors ça ira aussi plus vite, mais comme vous venez aussi nous voir, et puis comme il y a la travailleuse familiale. Et c'est vrai que nous comme on travaille beaucoup avec les travailleuses familiales, les TISF au titre de la prévention, il y a un contrat tripartite qui est établi avec l'association des travailleuse familiales, les parents et la PMI (parce que en fait c'est un financement du département, donc il faut forcément qu'à un moment donné il y ait la PMI dedans car ils sont financeurs), et du coup ça peut être un objectif, aller découvrir la médiathèque, ou que la TISF accompagne la famille dans le parc, enfin voilà ça peut être autour du lien social. Et ça se passe bien quand les familles ont l'habitude de travailler avec les TISF depuis que l'enfant est tout bébé.
Après c'est important qu'il y ait un travail de fait dans le secteur enfance de connaissance du corps, les relations amicales, amoureuses, les respect du corps, toutes ces choses-là. C'est aussi  important de travailler toutes ces notions-là dès le départ. Comment je choisis mon amoureux, ça permet une solidité de couple, qui permet plus de références aussi, est-ce que je me mets en couple tout de suite, est-ce que je change d'amoureux toutes les semaines.

Les perspectives futures

On aimerait bien développer un partenariat avec l'éducation nationale, après chaque étape est à construire. Notre projet est en construction. Entre il y a une dizaine d'année on était pas dans les recherches génétiques qu'on essaie de systématiser pour que les professionnels puissent en parler vraiment ouvertement, ça c'est quelque chose qu'on avait pas mis en place. Et au jour d'aujourd'hui l'échelle de Brazelton c'est quasiment du systématique.
A la COPA on reste très affichés anténatal, si les parents ont déjà ds bases, si l'enfant né de parents déficients intellectuels arrive à se construire, parce que la construction psychique c'est quand même dans la toute petite enfance, les cartes sont à jouer à ce moment-là. Après oui, on est bien au fait que les situations... il y a des paliers, l'entrée au CP, les enfants qui se rendent compte que leurs parents ne sont pas lecteurs, ou n'ont pas été en école ordinaire, c'est un point de vigilance. Après on se rend compte que certains enfants à l'entrée du collège sont victimes de moqueries, de harcèlement, parce que voilà ils ont des parents différents, qu'il y a des choses compliquées. On les travaille aussi, mais en général les familles ont des mesures d'AED (AEA). Il faut aussi que l'enfant ait un accompagnement psychologique en établissement scolaire avec les RAZED. Et puis là tout récemment on a fait le lien avec l'éducation nationale parce qu'on a des parents qui arrivaient au SAVS dont les enfants arrivaient au collège et on a bien vu que les parents ne comprenaient pas du tout ce qu'était que le collège. Le monsieur nous disait y'a la maîtresse du dessin, y'a la maîtresse des maths, y'a la maîtresse d'anglais, y'a plein de maîtresses. On s'est dit là c'est sûr il faut absolument lui faire comprendre que ce vocabulaire il peut plus l'employer vis à vis de son enfant, car sinon il passera jamais le cap d'une réunion d'information dans un collège car pour l'avoir vécu il faut quand même en tant qu'adulte être équipé, et c'est pas simple les réunions où il y a 80 adultes dans un..., et le CPE qui nous parle des options. Alors on s'est dit par exemple, les enfants quand ils entrent en sixième, ils ramènent un document qui ramène le collège, le CPE, les options, le bus, etc. Et on s'est dit à la COPA qu'il serait bien que ce document-là il soit mis en facile à lire et à comprendre pour que les parents de collégien puissent avoir une information  simple et épurée. Peut-être que si tous n'ont pas la compétence d'aller au sein du collège, savoir s'ils doivent en référer plutôt au CPE, à l'assistante sociale scolaire, enfin des choses comme ça...

CamilleV

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Date d'inscription : 05/03/2016

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